Avec une clé, on ouvre bien des portes n’est-ce pas ?… et d’ailleurs… pas seulement des portes ! Hélas je fais le cruel constat, qu’une clé est impuissante à ouvrir mon imagination ! Entendant le mot « clé », mon esprit se ferme à double tour; je sens bien qu’il se bloque. Il faut avouer que le mot « clé » n’est pas de ceux qui caressent l’oreille…; il sonne mal !… Ecoutez plutôt … « clé » !… « clé » !… : une seule syllabe, nette, brève, sèche, qui ne se laisse pas moduler, et qui retombe aussitôt comme étouffée, sans effets ! Si vous ne lui ajoutez rien (ni des songes, des champs, du paradis, de sol ou de fa, et que sais-je encore…), le mot « clé » se referme sur lui-même ! Il est clos ! N’entend-on pas un clic de serrure quand on le prononce ?…

Cependant, ici, la question n’est pas tant celle de « l’objet clé » (certes utile, indispensable…, objet dont on vante services et mérites, et dont on répertorie séries et références au rayon bricolage) que de son évocation poétique !. Ne voyez là aucune prétention !

Bref, tout bien pesé, il n’y a qu’une clé susceptible d’éveiller mon imagination, c’est la « clé à molette » !… Si j’osais me lancer dans l’éloge de la clé à molette, ce ne serait pas par amour du bricolage (encore que…), mais par amour du mot. Je l’avoue d’emblée, j’ai plaisir à entendre et à prononcer: « clé à molette ». En fait, la « molette » fait tout le travail que la « clé » ne fait pas ! La molette  présente la douceur, le rond, le souple, l’humour, que ne possède pas la simple clé -loin s’en faut-. Voici deux mots, aux consommances si opposées qu’on les croit irréconciables, et qui, pourtant, font bon ménage et bon usage !

La molette, avec sa roulette (car, pas de molette sans roulette !…, et, disons-le, la roulette c’est la clé de la molette), la roulette, dis-je, permet d’ajuster l’ouverture, de l’adapter, de la régler en fonction de la tête des vis et des boulons ! (ceci n’est-il pas réjouissant ?…). Et puis, il y a une crémaillère (j’affectionne également ce mot qui, au prononcer, évoque le mouvement), et cette crémaillère écarte plus ou moins les mors selon les besoins…(les mors ! de la pure poésie !). L’articulation de l’ensemble permet du sur-mesure, serrage-desserrage, rotation, déplacement, enfin… du complexe ! Une petite merveille de mécanique capable de relever tous les défis avec ingéniosité et élégance !… Mais surtout, surtout…, entente merveilleuse de deux mots qui atteste de leur complémentarité et de leur efficacité sonore.

Ecoutez !…, écoutez comme « la clé à molette » fait résonner un beau duo de langue et nous délivre de nos pudeurs poétiques ! Vite à nos établis !.

Septembre 2017

 

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