Ne gêner

Ni les oiseaux, ni le vent

Ne pas.

A moins que

Respirer.

Suc, sève, sang.

Souche d’antan qu’on rejoint.

Joueurs les feuillages, bruissant, faisant charivari mais aussi reflets.

Nuances d’écorces qui ne se nomment pas.

Secrets d’étoiles, ô nervures !

S’étirer haut et bas

Creuser la terre si loin, le ciel qui s’éloigne

Rêver nuages, et souffles, rêver l’aplomb.

On se sait plus avec eux que penser.

Songe-creux, cette chair comme un couchant fragile

Laissant échapper les insectes.

Mousses et moisissures, odeurs des forêts, résine, humus, feuilles rouillées,

Ivresse d’oxygène.

Dans le cercle de l’arbre, ce qu’il métamorphose, lui, l’enchanteur pourrissant, lui, le cadavre exquis, c’est le refuge des amants et des bêtes traquées, passion de l’écureuil.

Nommer les arbres.

Faire cet appel ajouré, incomplet,

Mais qui oserait prendre ombrage ?

Dans la clarté du ciel l’érable ensanglanté est boussole d’automne.

Les oliviers ne manquent ni de souffle épique, ni d’élégies et voguent en Méditerranée dans une aura sacrée.

Le cyprès, près des morts est tornade et ténèbres. L’ombre portée du tourment de Van Gogh n’a pas fini de faire vibrer la nuit.

Le cèdre, le hêtre, le chêne, le charme, l’orme, le peuplier, le saule, c’est

Lente agonie de gui,

Abandon et oubli.

Dans le brouillard d’hiver, le bouleau blanc se dresse et le sapin est chantre.

Palmiers dans tous les songes, près des sables, si verts dans les azurs qu’ils sont mirage et trompe-l’œil.

Le séquoia a vaincu tout vertige. Il ne connaît que l’origine et la démesure des légendes.

Et le Ginkgo immémorial bercé du gong des pagodes, qui le gourmanderait ?

Celui de toutes les roueries, de tous les sortilèges, l’arbre des chemins innombrables, saupoudré de poussière, faisant fi des moussons, l’arbre-éléphant aux racines célestes,

Banian,

Et dieu parmi les dieux… à l’aune du santal et de l’ébène.

Qui ose prononcer pin, bonsaï, roseau ? Et qui ne suit leur souffle ténu, trait de fusain, fil de fer, jusque dans l’ombre, épure, vers le rien ?

Mais dans leurs branches et frondaisons,

Trouver

Élévation, étendue

Et passage…

                                 Dominique Zinenberg, le 25 novembre 16 (Inédit)

Une réflexion sur “Prendre ombrage (Dominique Zinenberg)

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