La vallée s’est fermée à l’ouest, dans la lumière bleutée de l’automne.
Sous mes pieds, je sens l’eau qui ruisselle à fleur de terre.
Je franchirai le torrent et ses pièges de pierre.
Entre les saules, la trame est tendue de l’entre-deux mondes.
On peut y lire l’envol, inscrit dans le tressaillement du corps.
Le visage, parfois, y démultiplie ses masques, écorces d’âmes révélées.
Puis, viendra la nuit, et sa musique sourde qui vrille la peur.
Sous la frondaison des chênes, on aborde l’autre rive et les paroles muettes
Aux évidences insoupçonnées.
On devine sous nos paupières d’autres images encore
Et le souffle bute au diaphragme, tambour vibrant.
On écoute alors le monde dans sa démesure. On regarde
Glisser les panneaux d’ombre, jusqu’à la clarté incertaine.
De l’autre côté du chemin, certains s’éloignent immobiles.
Les visages sont devenus des masques blancs aux orbites de silence.
J’ai quitté la berge tangible et la certitude des minutes écoulées.
Je chevauche un moment le vent glacé qui s’est élevé en spirales au-dessus
Des marnes lunaires.
Le ciel est un tourbillon où s’écoulent, comme un fleuve en crue,
Les étoiles de la Voie Lactée.
Au matin, l’arbre frémit à mon passage.
Le vent s’est tu, captif de mon rêve.
Une réflexion sur “L’arbre (Mireille Diaz-Florian)”