Un hommage aux filles de Lilith, ces femmes courageuses et indépendantes qui vivent selon leurs idéaux
Igor Sakhnovski est un écrivain russe, né en 1958 à Orsk dans l’Oural. Il vit aujourd’hui en Israël. Nous avons peu d’information sur cet auteur. Il est également l’auteur de Roza (2007) et l’Homme qui savait tout (2010).
Qui est Lilith ?
Lilith (en hébreu : לילית) est une figure démoniaque de la tradition juive. Elle est à l’origine un démon féminin mésopotamien. Dans les légendes juives qui se répandent au Moyen Âge, Lilith est présentée comme la première femme d’Adam, avant Ève. Elle constitue une figure récurrente dans les rituels magico-religieux car elle représente un danger pour les femmes enceintes et pour les enfants que l’on protège grâce à des amulettes. (Ref wikipedia)
Plusieurs évocations dans les textes antiques et religieux:
Dans la Bible
Le livre d’Isaïe, (VIIIe siècle avant notre ère), décrivant le désert qui succédera à la chute du royaume d’Edom, dit « les chats sauvages rencontreront les hyènes, et les satyres s’y appelleront. Là aussi se tapira Lilith pour y trouver le calme ». (34-14).
Le livre de Job: « On arrache le méchant à l’abri de sa tente pour le traîner vers le Roi des Frayeurs, la Lilith s’y installe à demeure et l’on répand du soufre sur son bercail » (18-15).
Les Psaumes « Tu ne craindras ni Lilith (la terreur de la nuit) ni la flèche qui vole de jour, ni Deber, la peste qui marche en la ténèbre, ni Keteb, le fléau qui dévaste à midi » (91-5).
Dans le Talmud
Lilith est démon féminin aux cheveux longs et pourvu d’ailes (Talmud de Babylone Eruvin 100a, Nidda 24b). Sa figure de succube est mise en avant. Le tanna du Ier siècle rabbi Hanina ben Dossa met en garde les hommes dormant seuls dans une maison de crainte que Lilith ne s’approche d’eux (Shabbat 151b).
Lilith est la projection de l’archaïque. C’est une femme à la chevelure flamboyante, dominante, insoumise, stérile, jalouse, très intelligente – Ses avatars : la chouette, le serpent.
- Thèmes archaïques:
- fantasmes, le « dévorement » (ou dévoration) des enfants et de leurs dépouilles;
- la séduction forcée des jeunes hommes ;
- la pensée magique, la fusion réel/irréel.
- Thèmes limites :
- le Bien et le Mal;
- inconscient collectif (imaginaire collectif ?) ;
- humanité et animalité: la femme et le serpent.
- Thèmes archétypaux :
- Dieu et Diable, Enfer et Paradis;
- l’Homme et la Femme, le nouveau-né;
- la sexualité: le choix d’objet, la rivalité, l’accomplissement : l’Homme, la Femme et l’Enfant (la Trinité terrestre) ;
- la relation homme/femme : attraction/répulsion (gynotropisme et misogynie) ; séduction, pulsions (le Ça) et répulsion, rapports sexuels, grossesse, fécondité/stérilité, la rivalité homme/femme ;
- la relation femme/femme : grossesse, fécondité/stérilité, la rivalité femme/femme, le miroir.
- Thèmes proches: réel/irréel.
Elle est le miroir de l’autre : Eve/ la Vierge Marie, la nouvelle Eve.
«Lilith n’a droit à rien. C’est Eve, l’écervelée, la douce, la sage, l’intéressante, qui a droit à tout. Ses filles constituent l’ensemble de l’engeance féminine ou presque. Seuls quelques fous irréductibles fraient encore avec les filles de Lilith. Mais qu’Eve l’ait rendu heureux ou malheureux, qu’elle l’ait nourri, choyé, bercé, Adam continue de languir sourdement de l’autre dans la forêt inextricable de ses nuits délirantes, de la maudite, dont il ose à peine murmurer le nom.»
C’est un livre sur la femme, sur l’amour et parfois la passion, le temps et l’espace se croisant pour vous raconter l’histoire des filles de Lilith, ces femmes guerrières et indépendantes. Chaque histoire a un sens, chaque personnage une histoire.
Quelques personnages féminins : Jeanne la Folle, Anne Boelen, Maria del Rosario, Euridyce, l’épouse d’Orphée, mais également la mère et la sœur du narrateur, une étrange femme d’un tableau qui annonce les morts prochaines, Dorothy une anglaise qui charme le cœur du narrateur.
Sakhnovski cherche à nous perdre entre écriture contemporaine et textes classiques : Ce n’est pas une histoire mais plusieurs histoires du monde qui s’imbriquent, se mêlent, s’entremêlent, se perdent pour, à la fin, se déverser dans une fin unique.
Lise Lentignac,
10 décembre 2015